Frankenstein, Mise en scène de Danny Boyle
Avec Benedict Cumberbatch et Jonny Lee Miller
La pièce commence par la naissance de la créature…elle est
seule, dans une sorte de placenta artificiel (qui rappelle sa condition
humaine), déjà délaissée par son créateur. Pendant 5min, on assiste à ses
difficultés à se mettre debout, à se mouvoir. Tel un enfant, il doit apprendre
à marcher, à faire bouger son corps. Jonny Lee Miller montre d’or et déjà son
potentiel dans cette scène ; dans la maîtrise parfaite des gestes, gestes
désespérés ressemblant à ceux d’un nouveau né.
Dans une interview, Jonny Lee Miller disait d’ailleurs qu’il s’était
inspiré de son propre fils pour jouer la
créature. L’euphorie de la naissance
laisse place au désespoir et à la colère quand son créateur, le Docteur
Frankenstein, le découvre vivant puis l’abandonne en lui disant qu’il n’est
qu’un monstre.
La créature est rejetée par les gens de la ville,
maltraitée, battue. Elle s’enfuit et trouve refuge dans une forêt où elle
rencontre un vieil homme, aveugle, qui va le prendre en amitié et l’instruire.
Il va lui apprendre à parler, à lire, à penser et à exprimer ses sentiments. Ce
vieil homme, vivant avec son fils et sa belle-fille, décide de présenter son
ami à ces derniers. Mais ceux-là ne voient que le monstre qu’il est, à l’allure
repoussante.
Encore une fois, la créature est rejetée et décide d’aller à
la rencontre de son créateur pour se venger de lui, car il est le seul
responsable de misérable existence. Il tue le frère de Frankenstein puis décide
de lui demander de lui créer une compagne afin de se sentir moins seul.
Frankenstein refuse dans un premier temps puis décide d’exaucer le vœu de sa
créature et surtout réitérer l’exploit de créer un être humain, d’être comme
Dieu sur Terre. C’est donc l’égo et l’égoïsme de Frankenstein qui le conduit à
créer à nouveau un monstre de chair et de sang.
Loin de la ville, le Docteur va créer la compagne du monstre
mais, au moment de lui donner la vie, décide de la tuer devant la créature afin
de se venger de la mort de son jeune frère. La créature, brisée, entre dans une
rage folle et décide de poursuivre son créateur et de le faire souffrir. Il
finira par tuer la jeune épouse du docteur Frankenstein, lors de la nuit de
noces.
Benedict Cumberbatch est tout simplement sublime lors de
cette scène. Son âme est brisée et le comédien parvient à nous faire parvenir
cette émotion grâce à son regard déchirant.
La pièce se termine dans la montagne, où la créature se
laisse poursuivre par son créateur. Tout deux ne vivent désormais plus que l’un
pour l’autre. Frankenstein se voit condamner à une errance et à un désir de
vengeance sans fin engendrés par son égo démesuré.
Le Prométhée moderne est lui aussi puni par Dieu : il a
tout perdu…
Cette pièce est interprétée de façon magistrale par les
acteurs. Le décor est somptueux : la scène du théâtre, circulaire, proche
du public et pouvant être actionnée est géniale ; permettant une mise en
scène sans temps morts. La lumière est également importante dans la mise en
scène tout comme la musique. On aura remarqué la touche steampunk au début de
la pièce quand la créature arrive en ville. En effet, le spectateur voit
arriver sur la scène un char fait de rouages, dégageant de la fumée et conduit
par des hommes mystérieux à lunettes.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que cette pièce est fait salle comble à Londres. On passe un excellent moment et on est bluffé par la mise en scène et les acteurs. A voir!
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